Du 17 septembre au 27 décembre 2025
au centre d’art contemporain de la fondation Bullukian à Lyon.
Commissaire de l’exposition :
Fanny Robin, directrice artistique de la Fondation Bullukian
Supposons, l’espace d’un instant, que nous abandonnions tous nos repères afin de nous engager dans une expérience où tous nos sens sont convoqués, interpellés, mis à l’épreuve. Imaginons alors que nous habitions l’exposition foncièrement, au contact des œuvres, par chacun de nos mouvements et de nos gestes. Les pieds bien ancrés au sol, on remonte peu à peu chaque ligne du corps, pour ressentir le poids des jambes, sillonner les arrondis du ventre, traverser les courbes de la poitrine puis rejoindre les bras pour embrasser pleinement nos mains. Enfin, fermer notre regard car c’est au moment où nos paupières s’inclinent que nous commencerons à réellement ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure.
Nuit.
C’est à cette traversée haptique que nous convie l’artiste Prune Nourry avec l’exposition Empreintes. Aux confins de la matière, des pleins et des creux, des passages à déceler au milieu d’obstacles à éviter, c’est cette histoire de traces que l’on aborde à l’épreuve des doigts et qui s’écrit à portée de mains. Chaque région de notre corps est convoquée dans un rapport actif aux œuvres : notre peau devient réceptacle, comme un nouveau territoire tactile qui s’anime au contact des sculptures, effleure leurs textures et s’introduit dans les reliefs de la matière. Notre vision est passée au second plan, elle emprunte un autre chemin : celui de la perception.
Pour ce projet inédit, Prune Nourry propose une exposition résolument sensible où chaque œuvre qui nous entoure est à apprivoiser par le toucher. Conçue comme une exploration en trois chapitres, c’est d’abord le blanc, clinique, qui inonde tout. Des sculptures s’y succèdent et évoquent les nombreuses recherches de l’artiste autour des questions de la maladie, de la catharsis, du soin, mais aussi de la maternité comme autant d’expériences de l’altérité. Au blanc, se succède ensuite le noir total, absolu.
L’artiste y présente le projet Phénix, qu’elle a elle-même réalisée les yeux bandés en sculptant les bustes de huit femmes malvoyantes selon la technique ancestrale dite du Raku. Enfin, on prolonge l’exposition au cœur de l’intime avec le projet du timbre Ligne de vie, qui nous relie, une fois encore, à la question du geste et du tangible.
On a pour habitude de dire que nos empreintes sont uniques, qu’elles nous caractérisent. En effet, lorsqu’on y regarde de plus près, les sillons qui les composent s’apparentent à de petits paysages aux reliefs accidentés dont la physionomie se transforme à la moindre pression. Par le toucher, elles laissent des traces de notre passage, inscrivent notre présence au monde comme autant d’indices de nos histoires. Pour cela, elles sont fidèles aux sculptures de l’artiste qui prend soin de les composer en se connectant intimement à chacune d’entre elles. Puis vient le moment de la création, du corps à corps avec les éléments, où Prune Nourry retire le moule, se cogne à la matière, la façonne en (re)modelant inlassablement. Le volume laisse progressivement place à la forme dans ses moindres détails : des silhouettes émergent par soustraction de la matière, des visages se révèlent sous pression des doigts. Pour la première fois, les œuvres ne s’observent plus à distance, elles s’éprouvent, profondément. Il est grand temps de rouvrir les yeux.
Jour.
Fanny Robin,
Commissaire de l’exposition
INFORMATIONS PRATIQUES
L’artiste Prune Nourry est représentée par la galerie Templon (Paris, Bruxelles, New York City).
Exposition présentée du 18 septembre au 27 décembre 2025.
Entrée gratuite du mardi au samedi de 11h à 18h.
Fermeture les jours féries.